« Comment est l’Autre dans la « vraie vie » ? » Qui ne s’est jamais posé la question ? « Comment est l’Autre dans le privé, quels sont ses habitudes ? », « Comment cet Autre a réussi un tel parcours de vie ? » « Qu’est-ce qui fait avancer cet Autre ? »…
Et qu’en est-il, quand cet Autre « veut présider aux destinées » de ma commune, de mon département, de mon territoire, de mon pays ?
C’est certainement à ces questions que les producteurs de l’émission « Ambitions intimes » sur M6, présentée par Karine Lemarchand, ont voulu répondre.
Derrière les controverses soulevées par cette émission, je me suis interrogée sur l’engouement suscité par l’émission (audience 3,1 millions de téléspectateurs) alors que des formats « plus classiques » font, en moyenne, de moins bons scores
Quels sont nos ressorts et que cherche-t-on lorsque l’on décide de regarder ce type émission ?
A la recherche de l’Emotion
Pour comprendre cette démarche, regardons d’un peu plus près ce qui se passe dans notre cerveau.
Grace aux neurosciences, l’on sait désormais que l’intérêt est suscité par des similitudes que l’on trouve dans notre propre parcours avec celui des Autres. Cette synchronisation émotionnelle nous mène vers l’accueil et l’empathie, qui sont les bases de notre « être ».
Oui, l’homme est un animal social ! Sauf, qu’à la différence de l’animal, nous avons une fonction de « centrage », qui nous aide à maintenir l’équilibre au sein de cette influence réciproque.
Quelle est l’étendue de cette influence ou, plus simplement dit, l’effet d’un regard humain sur l’autre ? C’est ici qu’entrent en jeu les neurones miroirs…
Des neurones « particuliers », les neurones miroirs
Selon Giacomo Rizzolatti et Corrado Siniglia, chercheurs en neurosciences, dans leur ouvrage « Les neurones miroirs », le rôle principal des neurones miroirs est de nous permettre de comprendre la signification des actes d’autrui.
Ainsi ressentir une émotion ou voir cette émotion exprimée chez quelqu’un active le même circuit de neurones-miroirs dans le cortex insulaire : j’entre alors en synchronisation émotionnelle ; je ressens son émotion en moi.
Lorsque je vois une personne, les neurones-miroirs me mettent en synchronisation émotionnelle avec elle. Selon ma perméabilité, l’émotion captée envahit plus ou moins intensément mon corps.
Les neurones miroirs font entrer l’Autre en nous.
L’équilibre relationnel
L’équilibre relationnel est ce va et vient entre fusion et dissociation. Alors je suis ouvert à l’émotion de l’autre et je peux en comprendre consciemment le message tout en restant stable. Je suis capable de l’intégrer et de m’en enrichir.
C’est ainsi que l’on sera plus sensible à la personnalité d’Arnaud Montebourg, de Bruno Le Maire ou d’un autre parce que « quelque part » dans son récit, dans son vécu, il y a des similitudes avec mon récit et mon vécu ! Ce qu’Antonio Damasio professeur de neurosciences, de neurologie et de psychologie qualifie dans « Autre Moi-Même » comme la construction du soi autobiographique »
Comme je suis en « équilibre relationnel », je peux très bien me dire que je voterai ou non pour lui…
Alors Karine Lemarchand, une curiosité mal placé ? Je ne le crois pas. Il s’agit plutôt d’un autre angle, d’une autre approche, qui certes peut contribuer, pour certains à « désacraliser » pour les uns la fonction politique et pour d’autres à rendre « plus accessible » la même fonction politique.
L’émotion est donc au cœur de la force d’un message.
L’on suscite plus l’adhésion à une personne en racontant une histoire (vraie bien sûr) que dans une bataille de chiffres…Preuve en est l’engouement des storytelling …